«La durabilité ne se limite pas aux processus techniques, mais inclut toujours leur finalité et leur utilité.»
Hanspeter Kaufmann est chef de projet scientifique chez armasuisse Sciences et technologies (S+T). Ses activités tournent principalement autour des questions et des défis tels que les carburants alternatifs pour l’armée, l’approvisionnement en énergie des forces terrestres ou les agents énergétiques mobiles. Dans une interview, il met en lumière des domaines d’activité importants et offre un aperçu de l’avenir.
Interview avec Hanspeter Kaufmann, chef de projet scientifique, menée par Sarah Trösch, état-major, armasuisse S+T

Quelles sont tes tâches en tant que chef de projet scientifique chez armasuisse S+T ?
Jusqu’à présent, principalement la direction d’études, de projets et d’événements sur le thème de l’énergie pour la défense et la sécurité, en mettant l’accent sur la mobilité et l’agilité de l’armée. Mais il convient aussi d’entretenir les échanges techniques internationaux nécessaires dans le contexte de nos relations avec l’Agence européenne de défense (AED). Une autre tâche consiste à coordonner et consolider les prises de position dans le cadre de la consultation des offices sur les dossiers politiques du Parlement et du Conseil fédéral. Enfin, il s’agit de fournir à la direction des informations technologiques de base sur les réunions internationales.
Comment es-tu arrivé à ton métier actuel ? As-tu toujours été intéressé par le développement durable ?
À l’origine de mon activité professionnelle, il y a depuis toujours un grand intérêt pour tout ce qui constitue et maintient le monde. En tant que technicien procédés, j’ai acquis les connaissances de base nécessaires pour mieux comprendre les processus physico-chimiques qui se déroulent dans la nature et la technologie. La durabilité de ces processus a toujours fait partie de mon travail.
À quoi les technologies doivent-elles répondre dans le contexte militaire pour être durables ?
La durabilité ne se limite pas aux processus techniques, mais inclut toujours leur finalité et leur utilité. D’un point de vue militaire, la durabilité doit garantir qu’un État dispose des ressources et des équipements nécessaires pour assurer sa défense et sa sécurité dans toutes les situations et conditions. Cela vaut également pour les technologies qu’un État utilise à cet effet.
Quels sont les obstacles et les difficultés ?
Pour la Suisse, les obstacles et les difficultés résultent principalement de sa pauvreté en matières premières et de sa petite taille. En particulier, sa petite taille en comparaison à d’autres pays européens et son marché propre fort limité font que même les solutions durables ne deviennent financièrement intéressantes que lorsqu’elles présentent un intérêt international. Or, le commerce international est l’un des réseaux de relations les plus vulnérables d’un État.
Quel est le projet de durabilité en cours chez armasuisse S+T qui t’occupe le plus en ce moment et pour quelle raison ?
Actuellement, nous essayons de mettre en place un démonstrateur pour la mise à disposition et l’utilisation d’hydrogène à des fins de défense. Cela permettra à l’armée, à la BLA et à d’autres cercles internes au DDPS d’acquérir des expériences pratiques avec cette source d’énergie prometteuse. De plus, armasuisse peut ainsi avoir un aperçu réaliste des coûts d’investissement et d’exploitation réels de cette forme inédite de mise à disposition d’énergie à des fins d’électricité, de carburant et de combustible. Comme l’hydrogène n’a pas encore été introduit comme carburant dans l’armée, il s’agit de convaincre les nombreux services qui seront impliqués à l’avenir de l’utilité et du but d’un tel démonstrateur.
Dans quels domaines vois-tu le plus grand potentiel à l’avenir ?
Le plus grand potentiel de la durabilité résidera aussi à l’avenir dans la volonté de la population de s’engager pour la sécurité et la défense. Il s’agira ensuite d’établir les avantages pour l’exploitation fiable des moyens et des troupes de solutions durables permettant d’appréhender rapidement la situation et de réagir de manière agile et ciblée. Et ce, même dans les cas où l’on ne peut plus compter sur l’infrastructure civile. Un approvisionnement aussi fiable que possible en biens et en savoir-faire à partir de ressources propres ou d’une offre internationale largement diversifiée présente donc le plus grand potentiel de durabilité pour les tâches de défense.
Et comment armasuisse S+T peut-il y contribuer au mieux ?
En tant qu’autorité d’acquisition et instrument du directeur général de l’armement, armasuisse contribue dans une large mesure à un avenir durable de la défense en saisissant avec attention les opportunités qui s’ouvrent dans le domaine technologique. Étant donné qu’il est confronté à une concurrence interne au DDPS, il devra notamment veiller à évaluer correctement et suffisamment tôt les opportunités qui se présentent, afin de fournir au directeur général de l’armement des arguments convaincants dans le cadre des discussions sur les priorités d’acquisition.
Que signifie la Journée de l’énergie pour toi ? Et qu’en est-il des retombées positives de cette journée ?
Avec la Journée de l’énergie, armasuisse offre à l’industrie et à la recherche la possibilité de se présenter sur le marché de l’armement, de se mettre en réseau avec les services internes du DDPS et de « poser leurs jalons » dans un environnement concurrentiel. En ce sens, j’apprécie beaucoup que la direction d’armasuisse S+T ait rendu cela possible et soit prête à assumer le risque commercial qui en découle.
Depuis 2018, Hanspeter Kaufmann travaille chez armasuisse Sciences et technologies en tant que chef de projet scientifique. Auparavant, il a occupé différents postes de direction dans le domaine de la recherche et de l’innovation chez RUAG. Après avoir gagné ses galons d’ingénieur procédés à l’EPF Zurich et dans la chimie bâloise, il est désormais riche d’une expérience professionnelle dans différents secteurs tout en ayant toujours soigné les échanges internationaux. Dans sa vie privée, il trouve l'équilibre dans diverses activités et engagements, en privilégiant toujours les relations humaines.
