Publié le 25 avril 2025

ARCHE - La robotique au service de l'aide d'urgence de demain

La manifestation «Advanced Robotic Capabilities for Hazardous Environments» (ARCHE) est le fruit d'une collaboration entre le Centre suisse des drones et de la robotique du DDPS (CSDR), armasuisse Science et technologies, la Formation d’application génie/sauvetage/NBC et l’EPF de Zurich. La plateforme ARCHE vise à approfondir les connaissances sur les applications robotiques au service de l'armée et des autorités en charge de la sécurité, notamment dans le cadre de l’aide en cas de catastrophe, tout en permettant l’évaluation de leur déploiement opérationnel.

Au-delà de l’évaluation technique, ARCHE favorise l’identification des outils nécessaires à une intervention rapide en cas de dysfonctionnement. La manifestation rassemble la communauté scientifique spécialisée dans l’aide en cas de catastrophe et facilite les échanges avec les utilisateurs finaux, notamment l’Armée suisse et d’autres autorités chargées de missions de sécurité.

Sous la direction du Centre suisse des drones et de la robotique (CSDR), composante d’armasuisse Sciences et technologies (S+T), ARCHE offre aux chercheurs l’opportunité de tester leurs démonstrateurs dans des conditions réalistes, souvent pour la première fois, dans le domaine de la protection contre les catastrophes. Jusqu’alors principalement évalués en laboratoire, ces systèmes peuvent ainsi être soumis aux contraintes du terrain, permettant d’identifier leurs performances et les axes d’amélioration pour les rendre plus robustes et opérationnels.

Cette interaction crée une dynamique gagnant-gagnant : les autorités expriment leurs besoins et défis opérationnels, tandis que les chercheurs bénéficient d’un retour direct sur leurs travaux et prennent conscience des exigences du terrain. Cela permet aux services demandeurs d’accéder à une vision concrète des avancées technologiques et du niveau de maturité des systèmes développés.

Lors des précédentes éditions, plusieurs démonstrateurs ont ainsi été testés en conditions réelles pour la première fois, contribuant à faire progresser les solutions robotiques destinées aux interventions en environnement hostile.

Exemples de systèmes participants

Développé par Tethys Robotics, spin-off de l’EPF Zurich, le robot sous-marin Proteus cartographie les fonds aquatiques et assiste les opérations de recherche. Équipé d’un bras pouvant soulever jusqu’à 5 kg, il effectue diverses tâches logistiques et peut intégrer d'autres capteurs, dont un détecteur de métaux. Déjà utilisé par les plongeurs de combat de l’armée suisse pour localiser des résidus de munitions, il offre une cartographie et une identification des objets en temps réel, facilitant l’orientation.
Grâce à un sonar, un vélocimètre Doppler et des capteurs de profondeur, Proteus maintient une position stable même en eaux agitées. Ces capteurs permettent aussi de visualiser l’environnement, détecter des objets en temps réel et générer une reconstruction 3D après chaque mission.
Pour Andrej Studer, scientifique à l’EPF Zurich, l’objectif est clair : « rendre les eaux plus sûres pour tous ». Ce robot intéresse déjà la police et l’industrie pour ses applications avancées.
Un projet de la Haute école spécialisée des Grisons, le FLIFO est un drone qui a également fait cette année sa première apparition lors de la manifestation ARCHE. La conception de ce drone répond à la problématique suivante : plus les hélices d’un drone sont grandes, plus celui-ci est efficace. Mais dans ce cas, un drone ne peut plus se faufiler dans de petites fissures ou franchir des fenêtres. Le drone FLIFO apporte une solution. La particularité de ce drone réside dans sa capacité à changer de forme puisqu’il est capable de replier ses bras : il perd alors en efficacité pendant une très courte période, mais sa taille diminue de moitié par rapport à sa forme dépliée. À l’avenir, le drone pourrait voler dans des bâtiments ensevelis et aider à localiser des victimes.
Développé par le Robotic Systems Lab de l’EPF Zurich, ALMA (Articulated Locomotion and Manipulation) est une extension du robot quadrupède ANYmal, équipée d’un bras interne et de caméras frontales. Conçu pour intervenir dans des environnements dangereux, il permet la téléopération ou l’automatisation de tâches critiques, évitant ainsi l’exposition humaine aux risques, comme en maintenance nucléaire.

Actuellement testé pour l’inspection des installations électriques du tunnel du Saint-Gothard, ALMA peut aussi être utilisé pour la neutralisation de moyens de combat. Son système de commande à 360 degrés offre un feedback de force, permettant une manipulation précise et intuitive. À terme, l’intégration d’un second bras élargira encore ses capacités.
Le robot Magnecko, conçu par des étudiants de l’EPF Zurich, est destiné à inspecter les coques de bateaux, ponts et structures en acier. Il détecte fissures, corrosion et fixations desserrées, jouant ainsi un rôle préventif pour éviter d’éventuels accidents structurels.
Sa particularité réside dans ses aimants permanents, qui restent actifs même en cas de coupure de courant, garantissant ainsi son adhérence aux surfaces métalliques. Magnecko vient d’être testé pour la première fois en conditions réelles, et un second prototype sera développé en intégrant les enseignements tirés des essais effectués lors d’ARCHE.